Bâtir un environnement financier solide pour l’Industrialisation de l’Afrique : L’exemple du Bénin au cœur du débat

Alors que l’Afrique cherche à franchir un nouveau cap dans son développement économique, la question du financement industriel s’impose comme un pilier incontournable. L’industrialisation du continent ne saurait reposer uniquement sur des infrastructures physiques : elle exige aussi un environnement financier robuste, adapté aux spécificités locales et suffisamment attractif pour mobiliser des capitaux à grande échelle. C’est cette problématique stratégique qu’a abordée Letondji BEHETON, Directeur Général de SIPI-Bénin, lors du Bénin Investment Forum 2025.

À travers une prise de parole remarquée, M. BEHETON a mis en lumière le modèle de la Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ), perçue aujourd’hui comme une référence régionale en matière d’ingénierie financière au service de l’industrialisation. Pour lui, « accélérer l’industrialisation passe par la construction d’un écosystème intégré », fondé à la fois sur un cadre légal clair, des infrastructures stratégiques (routes, gazoduc, fibre optique), mais aussi une architecture financière innovante et crédible.
Une ingénierie financière à plusieurs niveaux
La GDIZ illustre comment un environnement bien pensé peut susciter la confiance des investisseurs et stimuler des flux de capitaux. Selon Letondji BEHETON, « pour accompagner plus de 550 millions d’euros d’investissement, il a fallu aller au-delà des instruments classiques : agences de crédit à l’export, banques de développement, garanties structurées… Ce cadre sécurisé rassure autant les investisseurs que les institutions financières. »
Cette approche multifacette démontre l’importance d’un montage financier hybride, combinant ressources locales et apports internationaux, afin de réduire les risques et garantir la viabilité des projets industriels. Dans un contexte où les États africains peinent souvent à mobiliser des financements à long terme, ce type de schéma constitue une véritable alternative.

GDIZ : un laboratoire de la transformation économique
Au-delà de ses résultats chiffrés, GDIZ symbolise une nouvelle manière de concevoir le développement industriel en Afrique. En capitalisant sur des partenariats publics-privés solides, des incitations fiscales claires et une gouvernance transparente, la zone économique attire des investisseurs de divers horizons et soutient la transformation locale des matières premières.
Ce modèle, adaptable à d’autres pays du continent, prouve qu’une industrialisation maîtrisée est possible lorsque les conditions financières, juridiques et techniques sont réunies.

Vers une réforme du financement industriel africain ?
L’expérience du Bénin soulève une question plus large : quels outils financiers pour soutenir la vision industrielle de l’Afrique à l’horizon 2030 et au-delà ? Face aux défis de la compétitivité, de l’intégration régionale et de la montée en valeur ajoutée, les pays africains doivent innover, mutualiser les ressources et bâtir des mécanismes financiers souverains, capables de résister aux chocs exogènes.
En somme, la révolution industrielle africaine ne sera pas qu’une affaire d’usines et de machines. Elle passera aussi par une transformation silencieuse mais décisive : celle des politiques de financement, de la mobilisation de l’épargne locale, du renforcement des banques de développement, et de la création de marchés de capitaux adaptés aux besoins de l’industrie.

