
Dans l’indifférence générale, mais avec la force du cœur, une poignée de femmes et d’alliés engagés se sont réunis pour rappeler une vérité trop souvent négligée : les veuves existent, souffrent, mais surtout, elles résistent. À l’occasion de la Journée internationale des veuves, l’Association pour l’autonomisation des veuves du Mali (AAVMA) a organisé une cérémonie commémorative à Bamako, sous le signe de la résilience, de la solidarité et de la dignité.*Parmi les personnalités présentes, Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali, a tenu à marquer sa présence et son soutien. Dans une déclaration empreinte d’empathie et de lucidité, il a rappelé que cette journée est « malheureusement ignorée, alors qu’elle devrait nous mobiliser tous ». Il a salué le travail de l’AAVMA et souligné l’importance de créer des conditions durables pour l’autonomie économique des veuves, objectif que chacun devrait porter, « quelles que soient ses possibilités ».*Un combat silencieux, un appel à la reconnaissance*Chaque 23 juin, la Journée internationale des veuves devrait être l’occasion de rappeler les souffrances silencieuses de millions de femmes à travers le monde. Discrimination sociale, précarité économique, marginalisation culturelle ou religieuse : être veuve, dans bien des sociétés, c’est porter une double peine. Celle de la perte, et celle de l’abandon. Au Mali, la situation est particulièrement préoccupante. L’insécurité, les conflits armés, la pauvreté généralisée et les fragilités du système social ont plongé des milliers de femmes dans une grande détresse, souvent dans l’indifférence des structures d’appui. C’est pour pallier ce vide que l’AAVMA s’est donnée pour mission de défendre les droits des veuves, de les accompagner, de briser les tabous, et surtout, de leur redonner confiance et moyens.*Assistan Diarra : « Une veuve qui se relève peut devenir un pilier pour toute une communauté »*Présidente fondatrice de l’AAVMA, Assistan Diarra a livré un témoignage poignant lors de la cérémonie. Veuve elle-même, elle connaît les réalités du terrain, les humiliations silencieuses, les exclusions voilées et les injustices systématiques. « Être veuve ne signifie pas être morte socialement, mais c’est ainsi qu’on nous traite souvent. Pourtant, une veuve qui se relève peut devenir un pilier pour toute une communauté. Notre combat à l’AAVMA, c’est de transformer la douleur en énergie, l’exclusion en leadership, la dépendance en autonomie. » Depuis sa création, l’AAVMA œuvre à travers plusieurs axes : appui psychosocial, formations professionnelles, microcrédit, plaidoyer politique, et campagnes de sensibilisation dans les communautés.*Un défi collectif, une mobilisation nécessaire*La cérémonie du 23 juin n’était pas un simple rituel. Elle était un cri d’alarme lancé à l’État, aux partenaires techniques et financiers, à la société civile, mais aussi à chaque citoyen. Car le sort des veuves ne devrait pas relever de la charité, mais d’un impératif de justice sociale. Moussa Mara, dans son intervention, a insisté sur la nécessité d’une politique nationale cohérente et ambitieuse en faveur des veuves : réforme des textes, accès facilité au foncier, soutien à l’entrepreneuriat féminin, accès à la couverture sociale. Il a invité les autorités à faire de cette journée un événement officiel inscrit dans l’agenda républicain. Si la Journée internationale des veuves reste encore dans l’ombre, des voix courageuses comme celle d’Assistan Diarra et des soutiens comme celui de Moussa Mara contribuent à changer les choses. Lentement, mais sûrement. Parce que derrière chaque veuve qui se bat, c’est toute une société qui se réveille.