
À quelques jours de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance des Comores, un collectif composé de forces vives comoriennes, africaines, membres de la diaspora, défenseurs des droits humains et organisations de l’opposition, monte au créneau pour dénoncer ce qu’il qualifie de « tentative grossière de falsification de l’histoire » orchestrée par le régime du colonel Azali Assoumani.
Dans un communiqué conjoint, ces voix critiques s’insurgent contre un article publié dans Al-Watwan, quotidien national comorien, intitulé « Azali Assoumani : un grand chemin parcouru », qu’elles qualifient de « propagande éhontée, insulte à l’intelligence collective et négation flagrante de la souffrance du peuple comorien ».
Un pouvoir bâti sur la répression et le mensonge
Les signataires du communiqué rappellent que le colonel Azali Assoumani est revenu au pouvoir par un coup d’État, qu’il a consolidé sa domination à travers des révisions constitutionnelles controversées, des élections truquées, et une répression féroce contre toute voix dissidente. « Sous sa gouvernance, les Comores ont perdu tout semblant de démocratie : l’opposition est muselée, la presse libre persécutée, et les institutions vidées de leur substance », dénoncent-ils. Le communiqué évoque 39 assassinats politiques, des cas de torture, des arrestations arbitraires et un climat de terreur généralisée. La Cour suprême et l’Assemblée nationale sont qualifiées de « chambres d’enregistrement d’un pouvoir absolu ».
Un bilan économique catastrophique, masqué par la propagande
À rebours des chiffres officiels relayés par les médias d’État, les forces vives comoriennes dressent un tableau sombre de la situation économique : une croissance économique marginale et sans effet sur la pauvreté, des infrastructures bâclées ou inexistantes malgré de nombreuses annonces, des investissements « fictifs » ou détournés au profit du clan présidentiel, un pays totalement dépendant des envois de fonds de la diaspora. Le communiqué rappelle que des fonds internationaux, notamment liés à la lutte contre le COVID-19 et à la reconstruction post-cyclone Kenneth, ont été détournés, donnant lieu à des enquêtes en cours en France et dans d’autres juridictions internationales.
Une faillite sociale criante
Les conditions sociales dans les Comores sont qualifiées d’alarmantes. Le secteur de la santé est « exsangue », avec des hôpitaux délabrés, une pénurie de médicaments, et un manque criant de personnel médical qualifié. L’éducation, autre pilier fondamental du développement, est également sinistrée : écoles fantômes, enseignants mal rémunérés, étudiants sans perspectives, et un taux de chômage des jeunes dépassant les 60 %. « L’exode des cerveaux s’accélère et les Comores perdent jour après jour leurs forces vives », lit-on dans le communiqué.
Une diplomatie de façade, sans rayonnement
Les prétendus succès diplomatiques vantés par le régime sont également démontés par les auteurs du texte. Ils parlent d’une « diplomatie de mendicité », où chaque déplacement à l’international est vu comme une opportunité de capter des financements personnels, sans stratégie ni vision à long terme. « Les Comores sont devenues inaudibles sur la scène africaine. Le pays ne joue aucun rôle régional digne de ce nom. »
Un chef d’État en perte totale de crédibilité
Le colonel Azali Assoumani, malgré ses tentatives de repositionnement international, est considéré comme un président sans légitimité, rejeté par une large partie de la population et discrédité au sein des institutions africaines et onusiennes. Un général sans troupe, tombé dans la disgrâce et qui tente, vaille que vaille, de conserver un pouvoir baigné dans le sang et la dictature. Selon le communiqué, « les Comores figurent parmi les pays les plus corrompus au monde selon Transparency International », et plusieurs plaintes ont été déposées à l’international pour assassinats, actes de torture et détournement de fonds publics.
Un appel urgent à l’action
À l’approche du cinquantenaire de l’indépendance, les forces vives africaines et comoriennes refusent que cette étape symbolique soit célébrée sous le signe de la répression et du mensonge. Elles appellent à : une transition démocratique immédiate, garantissant la liberté d’expression, des élections libres et la fin de la répression, des audits indépendants et internationaux sur la gestion des fonds publics et des aides internationales, au soutien actif de la communauté internationale et des organisations africaines pour accompagner une sortie de crise durable, à la mobilisation du peuple comorien, qui mérite un avenir à la hauteur des idéaux de ses pères fondateurs. « Non, les Comores ne vont pas bien. Elles souffrent. Elles étouffent sous le joug d’un régime autoritaire. Mais le peuple comorien n’a pas dit son dernier mot. »