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Cinquantenaire de l’Indépendance des Comores: Me Saïd Larifou appelle à une « souveraineté réelle » pour sortir des symboles et renouer avec l’espérance

À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance des Comores, Me Saïd Larifou, président du mouvement RIDJA-PACTEF et ancien candidat à l’élection présidentielle, a prononcé une déclaration forte et sans concession, mêlant hommage, diagnostic lucide et appel au sursaut national. Un discours empreint de patriotisme, de mémoire, mais aussi de fermeté à l’égard des dérives actuelles du régime en place.*« Le 6 juillet 1975, nos pères ont posé un acte fondateur. […] Cinquante années plus tard, cette date nous engage autant qu’elle nous oblige. » C’est en ces termes que Me Larifou a ouvert son discours. Dans une allocution prononcée depuis Moroni, le leader politique est revenu sur la portée symbolique de l’indépendance, saluant le courage des pionniers comoriens qui, il y a cinq décennies, ont décidé de s’émanciper de la tutelle coloniale pour écrire une histoire libre et souveraine. Drapeau, hymne, institutions : tous ces acquis ont, selon lui, constitué les premiers jalons d’un État-nation encore en devenir. Mais très vite, l’orateur s’est voulu critique : « Soyons honnêtes : l’indépendance n’a pas tenu toutes ses promesses. »*Un bilan sans fard : un peuple appauvri et une démocratie en panne*Pour Me Larifou, le demi-siècle écoulé n’a pas permis au pays d’atteindre ses objectifs fondamentaux : accès digne à l’eau, à la santé, à l’éducation, à l’emploi, à la justice. Il dénonce une souveraineté amputée, où la richesse nationale est selon lui « sous-exploitée ou accaparée par le dictateur Azali ». Des mots forts qui traduisent un ras-le-bol face à ce qu’il qualifie d’« appauvrissement orchestré du peuple comorien ».Et pourtant, souligne-t-il, l’espérance n’a jamais disparu. Elle réside dans la jeunesse, dans les femmes qui se battent pour leur dignité, dans la diaspora toujours fidèle, dans un peuple qui « refuse de courber l’échine ». Le cinquantenaire est, selon lui, aussi celui des résistances, des mobilisations, des espoirs obstinés.*De l’indépendance symbolique à la souveraineté réelle*Dans un ton résolument programmatique, Me Larifou a esquissé ce qu’il appelle « l’entrée dans l’âge adulte de notre indépendance ». Pour lui, il est temps de « sortir des symboles » et de bâtir une souveraineté réelle, tangible, vivante. Cela passe, énumère-t-il, par : une gouvernance débarrassée du népotisme et de la corruption, une jeunesse formée, actrice des choix de la nation, une économie nationale diversifiée, une justice indépendante et crédible, un dialogue national permanent entre les îles et surtout, la consolidation de l’unité territoriale de l’archipel. Il en appelle à un aggiornamento politique et institutionnel, mettant en accusation le régime actuel qu’il qualifie sans détour de « clan mafieux autour du Colonel Azali », et propose une refondation républicaine guidée par la transparence, l’inclusion et la dignité.*La jeunesse appelée à la reconquête*Son interpellation la plus vibrante est adressée à la jeunesse comorienne, qu’il appelle à ne pas se considérer comme sacrifiée, mais comme « la génération de la reconquête ». À travers elle, Me Larifou espère rallumer la flamme d’une citoyenneté active, tournée vers l’avenir, exigeante envers les gouvernants et solidaire du peuple.*Un triple serment : souveraineté, justice, prospérité*En conclusion, le président du RIDJA-PACTEF a pris devant la nation un engagement personnel : « Je fais le serment de ne jamais trahir l’idéal de nos pères. […] Je fais le serment de rendre l’indépendance enfin utile au peuple comorien. » Dans un pays encore miné par les crises politiques à répétition, les tensions entre îles, les défis économiques et l’instabilité institutionnelle, cette déclaration vient raviver le débat sur les promesses inachevées de l’indépendance.*Un message fort à l’intérieur comme à l’extérieur*Le discours de Me Saïd Larifou résonne aussi comme un message destiné à la communauté internationale, à la diaspora comorienne et aux forces vives du pays. Il invite à une mobilisation collective pour que les Comores entrent dans une nouvelle ère — celle d’une indépendance non seulement proclamée, mais vécue, partagée et assumée.

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