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Crise en Centrafrique : Le Rassemblement Unitaire exige des clarifications sur le sort de Armel Sayo et Nourd Gregaza

Un vent d’indignation et de consternation souffle sur la diaspora centrafricaine depuis la diffusion, le 17 juillet, d’images macabres prétendant montrer les corps décapités du Colonel Armel Ningatouloum Sayo et de Nourd Gregaza. Le Rassemblement Unitaire, à travers un communiqué officiel, a exprimé sa vive inquiétude et a dénoncé la barbarie présumée du pouvoir de Bangui, accusé de recourir à des méthodes d’une brutalité extrême contre ses opposants.

Des exécutions présumées aux circonstances floues

Le Colonel Armel Sayo, ancien chef du groupe armé CMSPR, aurait été livré aux autorités centrafricaines par le Cameroun le 5 avril 2025, avant d’être emprisonné au tristement célèbre Camp de Roux, considéré comme une prison personnelle du chef de l’État. Selon les informations relayées sur la chaîne Telegram du groupe paramilitaire Wagner, Sayo aurait été extrait de sa cellule, transféré à l’OCRB (Office Central de Répression du Banditisme), puis enlevé au bureau du juge d’instruction et conduit à Berengo, quartier général du groupe Wagner, où il aurait été torturé et décapité.

Simultanément, Nourd Gregaza, président du Parti pour le Renouveau National Centrafricain (PRNC), détenu depuis plus de neuf mois sans jugement, aurait subi le même sort. Les autorités de Bangui n’ont ni confirmé ni démenti ces informations, entretenant un silence lourd et inquiétant qui alimente la psychose au sein de la communauté nationale et internationale.

Un mode opératoire qui inquiète

Le Rassemblement Unitaire, dans son communiqué, ne se contente pas de dénoncer ces faits. Il les replace dans un schéma répressif plus large, affirmant que l’enlèvement, la torture et l’exécution sommaire de détenus politiques sont devenus une pratique courante en Centrafrique, notamment sous l’égide du groupe Wagner, acteur militaire russe controversé, dont la présence suscite de nombreuses préoccupations.

Des cas similaires sont évoqués, comme celui de Célestin Leman Bakoyogo et Élie Gouegue, leaders du groupe Azandé Ani Kpi Gbé, disparus depuis leur enlèvement le 25 janvier 2025, également à l’OCRB. Le mouvement accuse les autorités judiciaires et gouvernementales de complicité par leur silence et fustige un État de non-droit, gouverné par le crime.

*Entre indignation, demande de vérité et appel à la justice_

Dans son communiqué signé à Paris par son coordinateur général, le Professeur Jean-François Akandji-Kombé, le Rassemblement Unitaire exige des preuves de vie ou, à défaut, la restitution des dépouilles aux familles. Il interpelle directement le Gouvernement de la République centrafricaine mais aussi celui du Cameroun, accusé d’avoir livré le Colonel Sayo aux autorités centrafricaines par le truchement du groupe Wagner, et la France, pays dont Armel Sayo est également ressortissant, afin qu’ils interviennent en urgence pour empêcher l’irréparable ou obtenir justice.

Plus largement, le mouvement réclame la libération de tous les prisonniers issus des groupes armés centrafricains, ou, à défaut, des poursuites équitables contre tous les chefs de guerre, sans favoritisme, y compris ceux qui collaborent ouvertement avec le pouvoir, tels que Ali Darassa, Ousmane Sembé, Hassan Bouba et Djoubaye Abazène.

Un avertissement au gouvernement centrafricain

Enfin, tout en prenant en compte la possibilité d’une manipulation de l’information (« fake news »), le Rassemblement Unitaire estime que le simple fait de maintenir les familles dans l’incertitude, sans aucune communication officielle, constitue un traitement inhumain et dégradant, susceptible d’engager la responsabilité juridique de l’État centrafricain en vertu de ses engagements internationaux en matière de droits humains.

Une mobilisation attendue de la communauté internationale

Le communiqué a été transmis à plusieurs destinataires prioritaires : les plus hautes autorités de Centrafrique, les ambassades du Cameroun et de la France, la MINUSCA, l’Union européenne, le Conseil de sécurité de l’ONU, le Secrétaire général des Nations Unies, l’Union africaine, la Cour pénale internationale et les médias internationaux.

L’affaire Sayo–Gregaza pourrait bien marquer un tournant dans l’analyse internationale de la situation centrafricaine, déjà fragilisée par des années de conflits armés, d’ingérences étrangères et d’atteintes graves aux droits humains. Le peuple centrafricain, dans sa diversité, attend des réponses claires, des actes de justice et la fin de l’impunité, sous toutes ses formes.

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