Tentative de réplique du Ministre Conseiller Sacca Kina Bio Güera à la sortie politique de l’Honorable Issa Salifou : une réponse partielle qui ne dissipe aucunement le profond malaise persistant

Depuis l’intervention énergique et profondément instructive de l’Honorable Issa Salifou lors d’un géant meeting tenu à Kandi, le débat politique s’est intensifié dans la 1ʳᵉ circonscription électorale. Comme une tentative de réponse du berger à la bergère, la cellule de communication du Ministre Conseiller Sacca Kina Bio Guera a apporté une réponse visant à nuancer certaines affirmations. Si cette réaction se veut défensive, malheureusement, elle ne dissipe nullement les nombreuses interrogations soulevées par l’ancien député dont on connaît le franc parler et qui laissent planer un malaise profond sur le fonctionnement interne de l’appareil politique.
Une démission du poste de CA encore entourée de flou
La cellule de communication affirme qu’un nouveau Chef d’Arrondissement (CA) aurait été désigné à Kassakou. Toutefois, selon des sources concordantes et au regard du droit en vigueur, aucune décision officielle du Conseil communal ni de la Préfecture n’est venue formaliser ce remplacement. Le Code des collectivités locales prévoit que la cessation de fonction d’un CA doit être suivie d’une proposition de remplacement émanant du parti, soumise ensuite à validation préfectorale. Or, cette procédure ne semble pas avoir été menée à son terme.
Ce flou administratif suscite plusieurs préoccupations légitimes : qui assume effectivement les responsabilités liées à la fonction ? Et surtout, qui perçoit les indemnités y associées ? En l’absence d’un acte de nomination clair, le risque de confusion institutionnelle n’est pas négligeable. Au-delà du droit, c’est une question d’éthique publique qui se pose : la transparence dans la gestion des fonctions décentralisées est un impératif pour renforcer la confiance des citoyens.
Cumul de fonctions : une question de principe, pas seulement de légalité
Il est vrai qu’aucun texte n’interdit formellement le cumul entre la fonction de député suppléant et celle de Ministre Conseiller. Néanmoins, le débat ouvert par l’Honorable Issa Salifou ne porte pas uniquement sur la légalité du cumul, mais bien, sur sa pertinence politique et morale. En d’autres termes : un responsable promu à des fonctions exécutives peut-il légitimement continuer de bloquer l’accès de son suppléant au Parlement ?
La situation de blocage ayant duré plusieurs mois, malgré les relances du suppléant Gouda Kérékou, alimente l’idée d’une volonté de verrouillage. Or, dans une démocratie pluraliste, l’exercice du pouvoir suppose l’alternance, le relais et le respect des mécanismes de suppléance. Ce refus d’ouverture a contribué à fragiliser la cohésion locale et a nourri un ressentiment chez les militants, dont le départ de figures influentes est aujourd’hui la conséquence visible et donc regrettable.
L’unité se nourrit de justice et de respect mutuel
L’unité d’un groupe politique ne peut être invoquée uniquement lorsque des tensions apparaissent. Elle se construit au quotidien, par la concertation, l’équité dans les nominations, la reconnaissance des compétences, et l’acceptation du débat. Pointer d’un doigt accusateur l’Honorable Issa Salifou comme étant à l’origine de la division revient à occulter une réalité plus complexe : celle d’un malaise organisationnel ressenti depuis plusieurs mois à la base.
L’Honorable ne remet pas en cause le renouvellement des générations politiques ni la réorganisation des instances. Il pose plutôt une exigence de justice et de clarté dans les processus. La politique ne peut être réduite à des arrangements de sommet ; elle engage la parole donnée, le respect des engagements et le souci de ne laisser personne sur le bord du chemin.
Ce que demandent les militants : des actes, pas des justifications
Au-delà des arguments juridiques avancés par la cellule de communication, le terrain révèle une autre réalité. De nombreux militants expriment leur frustration face à ce qu’ils perçoivent comme une gestion fermée, peu participative et marquée par des décisions unilatérales. Le départ de figures locales comme Gouda Kérékou, qui a manifestement alerté à plusieurs reprises sans réponse, illustre ce climat de désenchantement et peut-être, une volonté légitime d’aller voir ailleurs.
Le besoin de clarté, de partage et de considération s’exprime de manière de plus en plus audible. Les militants ne sont pas dupes des effets d’annonce : ils attendent une gouvernance plus inclusive et des mécanismes transparents, dans lesquels chacun peut trouver sa place et contribuer à la dynamique collective.
Vers une politique de responsabilité partagée
La controverse actuelle dépasse les personnes. Elle révèle des attentes fortes en matière de gouvernance politique : éthique, exemplarité, dialogue. Il ne s’agit pas de désigner des coupables, mais de poser les bases d’un fonctionnement plus vertueux.
Réconcilier les positions suppose de reconnaître les erreurs, d’ouvrir les espaces de discussion et d’appliquer avec rigueur les principes de suppléance, de collégialité et de reddition de comptes. Céder un siège à son suppléant, lorsque les circonstances l’exigent, ne devrait pas être perçu comme un abandon, mais comme un geste de respect envers les règles du jeu démocratique.
La 1ʳᵉ circonscription, comme toutes les autres, attend des leaders qu’ils incarnent des valeurs de justice, de transparence et d’inclusivité. Le moment n’est pas aux justifications techniques, mais à la refondation d’une confiance politique abîmée. C’est dans cet esprit que peut s’écrire une nouvelle page, au service des citoyens.