Dakar : Les avocats de Succès Masra dénoncent un procès politique et appellent à sa libération

La situation du Dr Succès Masra, ancien Premier ministre du Tchad et leader du parti Les Transformateurs, continue de susciter de vives inquiétudes en Afrique et à l’international. Réunis à Dakar, ses avocats, soutenus par des responsables politiques de son parti et des partenaires internationaux, ont tenu une conférence de presse pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « parodie de justice » et réclamer sa libération immédiate et sans condition.

Une arrestation controversée
Le 16 mai 2025, à l’aube, Dr Succès Masra est arrêté à son domicile de N’Djamena, dans une opération que ses proches considèrent comme « soigneusement planifiée ». Quelques jours plus tard, le 21 mai, il est placé en détention préventive à la prison de Klessoum, dans des conditions jugées alarmantes par plusieurs ONG internationales.
En juin, face aux restrictions de ses droits et à l’isolement imposé, Masra entame une grève de la faim, suscitant une vague d’alerte quant à son état de santé. Malgré ces signaux, un procès expéditif se tient les 8 et 9 août à N’Djamena. Selon la défense, il est entaché de multiples irrégularités : entraves aux droits de la défense, absence de débats contradictoires, pression sur la magistrature. À l’issue de cette procédure qualifiée de « mascarade judiciaire », l’opposant est condamné à 20 ans de prison.

Une condamnation qui indigne
Cette décision a immédiatement provoqué des réactions en chaîne : organisations internationales, chancelleries, ONG et acteurs politiques dénoncent une instrumentalisation de la justice. Human Rights Watch, ainsi que plusieurs institutions africaines et occidentales, ont fustigé une « condamnation politique maquillée en dossier pénal ».
Pour Me Saïd Larifou, avocat à la Cour et représentant du collectif de défense, « ce procès est un procès politique. Et comme tout procès politique, il appelle une issue politique ».

*Une mobilisation internationale en cours »
Face à ce qu’ils considèrent comme une détention arbitraire, les avocats et soutiens de Masra ont multiplié les initiatives : saisines du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et du Secrétaire général des Nations Unies ; interpellation du Black Caucus et d’organisations afro-américaines à Washington ; échanges approfondis avec Human Rights Watch et d’autres ONG ; démarches diplomatiques en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York ; courrier officiel adressé à l’Union africaine et au Président congolais Félix Tshisekedi, acteur clé des précédentes négociations sur le retour sécurisé de Masra au Tchad.
Un accent particulier est mis sur la nécessité d’une mobilisation africaine. « L’histoire retiendra la position de chaque dirigeant face à ces enjeux. Elle retiendra ceux qui auront choisi la justice et la liberté, et ceux qui auront persisté dans la répression et l’arbitraire », a martelé Me Larifou.
Une nouvelle phase de lutte
Le collectif d’avocats a annoncé une série d’actions dans les prochaines semaines : saisine du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire ; renforcement de la mobilisation diplomatique auprès de l’Union africaine, de la CEEAC, de l’Union européenne et des États-Unis ; lancement d’un Comité international de soutien à Succès Masra réunissant juristes, élus, artistes et citoyens engagés ; intensification de la campagne numérique #FreeSuccesMasra pour sensibiliser la jeunesse africaine et la diaspora.

Un appel direct au président Déby
Au terme de cette conférence, Me Saïd Larifou a lancé un appel solennel au président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, l’invitant à « agir avec hauteur et courage d’État ». Selon lui, seule l’annulation du procès et un dialogue sincère entre deux hommes d’État peuvent apaiser la situation. « Ce combat dépasse une seule personne. Il concerne la trajectoire démocratique de tout un continent. L’Afrique a tout à gagner en défendant la démocratie, l’indépendance de la justice et le pluralisme politique », a-t-il conclu.
Pour ses soutiens, la libération de Dr Succès Masra est inévitable. « Le Dr Masra doit être libéré. Et il le sera », a affirmé l’avocat international comorien, Diplômé DESS Droit notarial et Droit des affaires internationales/Panthéon Paris Sorbonne, sous les applaudissements nourris.