
Dans un communiqué incisif, le Rassemblement Unitaire (ALRU), organisation politique de la diaspora centrafricaine, tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il qualifie de « révélateur inquiétant » de la dérive du régime en place à Bangui. L’accord signé récemment à N’Djamena avec deux figures armées étrangères a suscité l’indignation au sein de cette plateforme qui s’adresse directement à la communauté internationale.
Pour l’ALRU, l’épisode de l’accord de N’Djamena n’est pas anodin : il met en lumière le caractère incohérent, soumis et répressif du pouvoir centrafricain actuel. Selon ce regroupement, les autorités de Bangui ont délégué leur responsabilité à un État tiers – le Tchad –, préférant écarter les véritables leaders politiques et sociaux centrafricains sous couvert d’une souveraineté qu’elles invoquent à géométrie variable.Dans une déclaration sans détours, l’ALRU affirme que le régime en place préfère négocier avec des mercenaires étrangers, les traitant avec les honneurs tandis que les voix nationales appelant à un dialogue inclusif sont bâillonnées, pourchassées, voire emprisonnées.
Un pouvoir jugé « au service de l’étranger »
L’une des accusations majeures formulées par le Rassemblement Unitaire est celle d’un alignement du pouvoir de Bangui sur des intérêts extérieurs, au détriment des aspirations populaires. Le communiqué dénonce notamment la signature d’un accord « qualifié de centrafricain » mais conclu avec deux chefs de guerre étrangers, accueillis à Bangui « à grands frais » et présentés comme partenaires politiques.Pendant ce temps, les leaders politiques centrafricains sont marginalisés, interdits de manifester, privés de parole dans l’espace public et même empêchés de rendre hommage aux victimes des récents conflits. Ce double standard est dénoncé comme un mépris profond pour la mémoire des victimes et un affront aux principes démocratiques.
Un système qui récompense la violence et criminalise la démocratie
Le Rassemblement Unitaire va plus loin en accusant le régime de promouvoir l’impunité des criminels et de récompenser la force armée, tout en persécutant les démocrates à mains nues. La justice serait instrumentalisée à des fins politiques, avec des arrestations arbitraires, des procès expéditifs et des condamnations orchestrées pour museler toute opposition.Selon le communiqué, ceux qui ont causé la mort de milliers de Centrafricains sont accueillis comme des seigneurs et invités à partager le pouvoir, tandis que les voix démocratiques sont étouffées par une répression brutale et systématique.
Appel à la communauté internationale : ne plus rester passive
Face à ce tableau alarmant, le Rassemblement Unitaire interpelle directement la communauté internationale, qu’elle accuse de passivité, voire de complicité indirecte. Sont visés explicitement : les Nations Unies, la MINUSCA, l’Union européenne, les agences onusiennes en Centrafrique, et les partenaires bilatéraux. Le message est clair : tout soutien accordé au pouvoir de Bangui après la publication de ce communiqué sera considéré comme une participation active à la souffrance du peuple centrafricain.
Des exigences fortes : libération et amnistie
L’ALRU exige la libération immédiate et sans condition des leaders nationaux des groupes armés incarcérés pour des raisons politiques, ainsi que l’amnistie pour tous les démocrates condamnés pour leur opinion. Ces mesures sont présentées comme des préalables indispensables à tout processus de paix durable et de réconciliation nationale.
Un cri d’alarme lancé depuis l’exil
Rédigé depuis Paris, ce communiqué témoigne de la fracture profonde entre la diaspora politique centrafricaine et le pouvoir de Bangui. Le ton utilisé, volontairement solennel et grave, traduit l’inquiétude grandissante d’une frange de l’élite centrafricaine exilée, qui refuse de rester silencieuse face à ce qu’elle qualifie de dérive autoritaire maquillée en processus de paix.L’affaire de l’accord de N’Djamena illustre les tensions récurrentes entre logique sécuritaire et exigences démocratiques dans la gestion de la crise centrafricaine. Le recours aux acteurs armés étrangers et la marginalisation des forces politiques nationales risquent de compromettre les efforts de paix. La communauté internationale est désormais placée devant ses responsabilités.