Facilité élargie de crédit : Le FMI approuve au Niger un décaissement de 52,6 millions de dollars

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Le conseil d’administration du Fonds Monétaire international (FMI) achève la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Niger, approuve un décaissement de 52,6 millions de dollars et achève les consultations de 2022 au titre de l’article IV. C’était ce vendredi 23 décembre 2022. Selon le FMI, la croissance devrait rebondir cette année et s’accélérer à court terme ; pour autant, le Niger reste confronté à d’énormes défis de développement, à l’heure où il pâtit de la dégradation de la situation sécuritaire au Sahel et subit de fréquents chocs climatiques. L’exécution du programme est globalement en bonne voie. Dans l’ensemble, les résultats macroéconomiques sont satisfaisants et la mise en œuvre du programme de réformes structurelles s’accélère, y compris dans le domaine de la gouvernance. C’est pourquoi, afin de rendre le pays plus résilient aux chocs, il convient en priorité d’améliorer la mobilisation des recettes intérieures et la qualité des dépenses, et de créer par ailleurs un environnement favorable à la diversification économique et au développement du secteur privé.

Le communiqué du FMI

Aujourd’hui, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations de l’année 2022 au titre de l’article IV, ainsi que la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Niger. L’achèvement de la revue permet le décaissement de 39,48 millions de DTS (environ 52,6 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements au titre de l’accord à 118,44 millions de DTS (environ 157.8 millions de dollars). L’accord triennal en faveur du Niger au titre de la FEC pour un montant de 197,4 millions de DTS (soit environ 275,8 millions de dollars lors de l’approbation du programme ou 150 % de la quote-part du pays) a été approuvé le 8 décembre 2021 (voir communiqué de presse n° 21/366). L’accord devrait contribuer à mobiliser des financements bilatéraux et multilatéraux supplémentaires.

Le conseil d’administration a également achevé les consultations de 2022 au titre de l’article IV avec le Niger. Depuis l’achèvement des dernières consultations au titre de l’article IV en 2019, les autorités ont progressé dans l’adoption d’un certain nombre de recommandations de politiques clés et ont fait avancer leur programme de réformes. Néanmoins, en dépit de perspectives macroéconomiques positives, le pays, en situation de fragilité, reste confronté à d’énormes défis de développement, qui sont exacerbés par une décennie de conflit au Sahel et l’exposition aux chocs climatiques.

Au terme des délibérations du conseil d’administration, Madame Sayeh, directrice générale adjointe et présidente par intérim, a fait la déclaration ci-après :

« Les perspectives économiques à court et moyen terme du Niger demeurent globalement favorables : la croissance devrait rebondir cette année et s’accélérer par la suite, portée par l’investissement privé et les exportations de pétrole à travers le nouvel oléoduc. La mise en œuvre de façon résolue du programme de réformes structurelles des autorités visant à renforcer le capital humain, à s’attaquer aux sources de fragilité et à diversifier la base de production du pays en favorisant le développement du secteur privé, devrait permettre de créer les conditions d’une croissance à long terme soutenue et résiliente aux chocs et d’une réduction de la pauvreté.

Les résultats obtenus dans le cadre du programme sont satisfaisants dans l’ensemble, malgré un contexte difficile. Tous les critères de réalisation quantitatifs ont été remplis à fin juin et fin septembre 2022, et cinq des six objectifs indicatifs ont été atteints à fin septembre. Néanmoins, la valeur actualisée de la nouvelle dette extérieure contractée ou garantie par l’État a dépassé son plafond en novembre 2022. La mise en œuvre du programme de réformes structurelles des autorités est également globalement en bonne voie.

Une consolidation budgétaire graduelle se justifie pour répondre aux besoins de dépenses rendues urgentes par la crise alimentaire et la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, et pour effectuer des dépenses pressantes et prioritaires dans les domaines de l’éducation, des infrastructures et des filets de protection sociale. Pour autant, les autorités doivent éviter que les déficits budgétaires de grande ampleur s’enracinent afin de préserver la viabilité des finances publiques et de la dette publique et revenir à la norme de déficit budgétaire de l’UEMOA d’ici 2025.

Pour se ménager l’espace budgétaire nécessaire pour engager les dépenses prioritaires, il est essentiel que les autorités fassent progresser le programme de mobilisation des recettes intérieures. Elles devraient par conséquent accélérer la mise en œuvre des réformes visant à réduire les exonérations et l’évasion fiscale et à réviser le code des impôts pour simplifier le régime fiscal et accroître son efficacité, et à améliorer l’administration des recettes grâce à la dématérialisation. Il convient également de mettre en place de manière urgente, avant le début des exportations de pétrole, un cadre transparent de gestion des ressources pétrolières. De plus, les pouvoirs publics doivent accroître l’efficacité et la qualité des dépenses et veiller à ce que les résultats des entreprises publiques s’améliorent afin de se ménager l’espace budgétaire pour engager les dépenses sociales et d’investissement prioritaires.

Afin de favoriser l’essor du secteur privé et une croissance inclusive, il est également essentiel que les autorités redoublent d’efforts en vue de préserver la stabilité et la solidité du secteur financier. En particulier, la restructuration du secteur de la microfinance demeure indispensable pour promouvoir l’inclusion financière et accroître la résilience des plus vulnérables aux chocs.

Des progrès sur le plan de la gouvernance sont indispensables pour s’attaquer aux sources de fragilité du pays et améliorer le climat des affaires. Les efforts pour remédier aux insuffisances persistantes du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) et les mesures prises visant à rendre publiques les déclarations de patrimoine des hauts fonctionnaires sont opportunes à ce titre. Par ailleurs, pour favoriser sur le long terme une croissance inclusive, il est crucial de renforcer la résilience du secteur agricole aux chocs climatiques et de favoriser la diversification des exportations. »

Évaluation par le conseil d’administration 

Les administrateurs souscrivent à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils se félicitent de l’engagement des autorités nigériennes et des progrès accomplis dans la mise en œuvre des réformes dans le cadre du programme appuyé par la FEC, malgré le contexte difficile. Si les perspectives à moyen terme sont encourageantes, à la faveur de la hausse des exportations de pétrole, les risques demeurent élevés, notamment ceux découlant des chocs climatiques, des menaces sécuritaires et de la prolongation de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. Dans ce contexte, les administrateurs appellent à la poursuite de l’engagement envers des politiques qui renforceraient la stabilité macroéconomique et la résilience aux chocs, ainsi que de la mise en œuvre de réformes visant à développer le secteur privé et à améliorer la gouvernance. L’implication des bailleurs de fonds dans la durée et le recours aux activités de développement des capacités du FMI seront indispensables pour accompagner ces efforts.

Les administrateurs conviennent qu’une trajectoire de consolidation budgétaire plus graduelle est souhaitable pour appuyer les immenses besoins de développement du Niger et les priorités de dépenses urgentes. Cependant, ils estiment que les autorités doivent suivre la trajectoire prévue afin de respecter la norme de déficit budgétaire de l’UEMOA d’ici 2025 et mener une politique d’endettement prudente en privilégiant les emprunts concessionnels. Ils recommandent aussi de renforcer les capacités de production des statistiques de la dette et des finances publiques.

Les administrateurs soulignent l’importance d’accélérer le programme des autorités en matière de mobilisation des recettes, notamment la révision du code des impôts afin d’élargir l’assiette fiscale et l’application de mesures visant à réduire les exonérations et l’évasion fiscale. Ils insistent aussi sur le fait qu’il est essentiel d’élaborer un cadre transparent pour la gestion des recettes pétrolières avant le début des exportations afin de garantir une bonne gestion de ces ressources.

Les administrateurs encouragent les autorités à redoubler d’efforts pour accroître l’efficacité et la qualité des dépenses et améliorer la productivité des entreprises publiques afin de créer l’espace budgétaire nécessaire pour engager les dépenses sociales et d’investissement prioritaires et améliorer la fourniture de services publics. Ils insistent sur l’importance de consolider les dispositifs de protection sociale afin de protéger les personnes les plus vulnérables et saluent l’engagement des autorités à promouvoir l’éducation des filles et l’égalité hommes-femmes.

Les administrateurs prennent acte de la vulnérabilité grandissante du secteur financier et préconisent de surveiller de près la dégradation de la qualité des actifs dans les secteurs de la banque et de la microfinance.

Les administrateurs soulignent l’importance de diligenter la mise en œuvre du programme de réformes structurelles afin de promouvoir le développement du secteur privé. Il est indispensable de renforcer la résilience du secteur agricole face aux chocs climatiques et de favoriser la diversification des exportations et l’inclusion financière pour stimuler une croissance inclusive à long terme. Les administrateurs recommandent aussi de poursuivre les efforts pour renforcer les dispositifs de gouvernance et de lutte contre la corruption et mettre à profit la transformation digitale, et encouragent d’aller plus loin dans ces domaines. Il est prévu que la prochaine consultation au titre de l’article IV avec le Niger se déroule conformément à la décision du conseil d’administration sur les cycles de consultation pour les pays membres ayant conclu un accord avec le FMI.

Source FMI

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